Une photographie jaunie
Subitement te rajeunit
L’espérance est ton miroir
Sans mémoire
Profusément influencée
Par ton inébranlable foi
Le monde semble commencer
Avec toi
Dans le tremblé de l’air
Ton regard tente de retenir
Le soleil qui se retire
Avec la grâce
Ignorant la parodie
Déjà mise en place
Par l’Eldorado imaginaire
Il y eut cette douleur
Quand le cœur se brise
De ne pas appréhender
Ces voix qui épuisent
A force de vilipender
La traversée des solitudes
Lasse des marivaudages
Ternis par l’usage
Des conventions
Des turpitudes
Des étranges silences
Où agonise la patience
Cette rancœur
Suscite ton haut-le-cœur
Chaque aspiration
Devenait illusion
Se muant en désillusion
Au royaume de la déception
Tu as la souvenance buissonnière
Es-tu source ou rivière
Du désir contenu ?
L’isthme ou la mer
De l’émulsion des sens ?
Penser le bonheur comme un absolu
En faisant fi des liens rompus
Aucune vertu
Dans le « toujours » ni le « jamais plus »
Rien n’est immuable
Tu pensais irréfragable
L’étau de la routine
Cette musique lancinante
Jouée sur la harpe de ton corps
Sur d’inconnus accords
Penchée sur le présent
Tu mesures le chemin parcouru
Ce chemin évanescent
A chaque été perdu
Se décantent les sentiments
Dans le filtre du passé
Puis la miraculeuse épiphanie
La rencontre inouïe
Manifestation soudaine
De la réalité cachée
Où enfin tu deviens l’héroïne
De ta propre vie
Tu règnes avec ta lumière
Sur l’ombre et la nuit
C’est l’apanage des reines…
A-Bônois
Berre-l’Étang,
23 février 2022.
Excusez-moi pour ce plus ou moins long silence car je souhaitais « écrire » (un bien grand mot) un poème-dédicace abouti or, le résultat s’apparente à un pensum !
Je me demande si ce texte va susciter les mots de Flaubert au sujet du « pensum » :
» J’ai lu hier dans mon après-midi presque tout un chant de l’Énéide. Dire que j’ai copié cela cent fois en pensum! Quelle infamie! Quelle ignominie, quelle misère! J’ai craché dessus de dégoût. J’en ai eu des pâmoisons d’ennui et c’est beau! beau! beau! À chaque vers j’étais étonné, ravi, je m’en voulais, je n’en revenais pas. »
Flaubert., Correspondances., 1846, p.61.
Bônois poèmes sans voix 